MECHANT !

Lorsque le juge m'a annoncé que je ne pourrai pas réintegrer ma societé suite aux neuf viols commis sur collègues non-consentantes, je me suis dis que, avec ma veine, j'allais me retrouver quelques semaines au chomâge. Comme quoi la vie est vraiment injuste des fois.
Désemparé et un peu énervé ( j'avais pas eu le temps de me finir sur la neuvième ), j'ai décidé de passer le temps comme je le pouvais. Et comme les huissiers ne m'avaient pas enlevé ma télé le mois dernier ( oui vous noterez que j'accumule les merdes dans l'ensemble ) autant en profiter avant que l'EDF ne me coupe le courant ( qu'est-ce que je vous disais ).
Ma mémé ( celle qui va bientot partir mais on s'en fout elle a pas un rond ) regarde toujours les Feux de l'amour et me raconte à chaque fois ce qui s'y passe lorsque je me retrouve chez elle autour d'une bonne Suze. Au passage, j'en profite pour dire que les vieux me font trop kiffer la life. Ils ont des alcools de malade. Des trucs que même à Auchan ça existe pas. Du Bartissol, du St Raphael, du Dubonnet, de l'Ambassadeur... La plupart du temps ils ne sortent les bouteilles que lorsqu'ils recoivent. Et en ce qui concerne ma grand-mère qui pique, autant être honnête c'est pas souvent. Du coup lorqu'elle sert son "fameux" porto, j'ai génèralement plus à manger qu'à boire dans le verre. Je m'y suis fait. La lie c'est pas si dégeulasse que ça au final.
Les Feux de l'amour donc... Mémé est méga-fan. Moi j'ai jamais vu un seul épisode. Ou alors j'étais bourré. En gros lorsque la vieille me raconte que Victor s'est remis à bourriner Nikki au grand dâm de Jack, ça me titille le trou de balle moyen.
Et pourtant.
Hier, dans ma nouvelle vie digne d'un dépotoir saccagé par des gros cons de chats, je me suis surpris à zapper et à m'arrêter sur le sus-dit soap-opéra. C'est dire si j'avais rien d'autre à foutre. La connerie est hypnotique parait-il. Je confirme.
Pour ceux que ce genre de programme rebute parce qu'on en est au 12 622eme épisode et c'est vrai que ça fait vachement flipper si on veut un temps soit peu capter l'histoire, n'ayez crainte. Cinq minutes m'ont suffi pour comprendre 15 ans de feuilleton et dieu sait qu'en plus j'étais pas attentif.
La trame, si on ose l'appeler comme telle, se déroule à Genoa-City. Ne cherchez pas sur la carte, le bled n'existe pas. Avec un nom pareil on se serait un peu douté vous me direz. Enfin vous et moi oui en tout cas. Mémé, elle, dit que c'est pas loin de Los Angeles. La pauvre. Vu le peu de temps qu'il lui reste je ne cherche pas à la contredire. A Genoa-City il fait pas souvent beau. D'après ce que j'ai pu constater je dirai même que les pauvres ont 363 jours de pluie sur l'année minimum. D'entrée c'est vraiment pas de bol faut reconnaitre. D'un autre coté il ne s'agit que d'une simple déduction de ma part hein. Mais quand des mecs passent leur vie enfermés au bureau ou à la maison c'est louche. Bien fait pour eux, Sébastien Folin et ses prédictions de soleil c'est que pour notre gueule.
A Genoa-City cependant tout est tendance. Tendance collection primptemps-été 88 du catalogue Daxon mais tendance quand même. Ah les catalogues Daxon... La page 124, celle des gaines qu'on dirait des maillots de bain une pièce de 1933 avec cette magnifique couleur chair, me fera toujours mourir de rire. Mémé en a plein son armoire. Et soit sa lessive c'est de la merde soit le tissu garde trop bien les odeurs. J'opte pour un megamix des deux, je me mouille pas.
A Genoa-City disais-je, tout le monde, même le SDF ( si, si, je suis tombé sur un épisode ou y'en avait un ) fait péter le brushing et le maquillage l'oréal. Pas celui à 9.99 euros de chez Casino. Le vrai. Celui à 50 euros le fond de teint. Comme quoi faire la manche là-bas ça rapporte un max'. Dire qu'en France ils se font chier à vendre Réverbère. Bref, dans cette ville de daube, les nanas se doivent d'avoir les ongles vernis d'un rouge caillot-de-sang ou d'un rose fushia que quand tu le regarde trop longtemps tu pleures. Le tailleur aux couleurs criardes est également de mise. Et ce même quand la meuf veut par exemple faire du cheval. Ca rigole pas là-bas. De l'équitation ok mais si c'est pour monter en autre chose qu'en Dior t'es gentille mais tu reviendras plus tard connasse. Dur.
A la limite de la secte du bon gout la femme de Genoa-truc est chic aussi à l'hosto. Dans l'épisode du jour, une dénommée Jill est dans le coma. Sans doute dû à une inhalation d'Elnett force 8 lors de sa dernière séance coiffure. D'après l'entourage, Jill est dans cet êtat depuis 3 mois. L'actrice jouant la mourante touche donc une super paie à rien branler. Le panard total. La grande classe restant donc que la comateuse, au bout de 90 jours dans les vappes à se faire dessus, reste maquillée comme une princesse, le verni intact, le brushing impeccable. Elle a une famille vraiment cool la Jill. Lui offrir des soins de chez Yves Rocher alors qu'elle va surement claquer, faut vraiment aimer la personne. Parce qu'à part lui faire faire une manucure régulière entre deux sondes gastriques je vois pas comment c'est possible. Faut pas me la faire. Même à Génoa-City au bout de trois mois le verni ça caille. J'imagine alors la fille de Jill pleurant le sort de sa mère tout en rajoutant un léger pshitt de laque sur la coiffure déjà betonnée de la daronne.
A Genoa-City, les beaux gosses de douze ne sont pas en reste. Costards sur mesure, rasage de près, coiffure vivel-dop, dents blanches lavées au lacroix, ils sont beaux, riches et niquent tout ce qui bouge. Ce qui permet à certains d'avoir des promotions innattendues. Brad au départ était jardinier. Après avoir cartonné quelques pétasses à la toison pubienne bien mise en pli, le fumier est aujourd'hui bras droit d'un patron de cosmétiques. Sulitzer aurait pas écrit mieux. Comme quoi avoir une grosse bite ça aide. Dans la troupe des beaux gosses qui feraient passer M.Pokora pour un sac à merde ( qui à dit " c'est déjà le cas ? " ) il y en a un qui lui veut pas se raser. Allergique au Wilkinson, il s'appelle Victor et ressemble à Tom Selleck version pas beau et pas charismatique. Lui, sa came s'est Nikki. Nikki sa femme avec qui il divorce tout les 50 épisodes pour mieux la reconquérir et elle comme une conne tombe à chaque fois dans le panneau. Chacun sa merde après tout.
Enfin dans la série, super crédible et si proche de la vie de l'américain et même de l'humain moyen, la rédemption est aussi mise en avant. Un psychopathe devient avocat, un violeur devient un héros... La morale est sauve. Mais pour ce qui est de la part de rêve dont Mémé me parle tout le temps lorsqu'elle évoque les Feux de l'amour, j'ai beau chercher, je vois pas.
Va falloir que je trouve autre chose pour m'occuper en tout cas, je suis déjà con, n'en rajoutons pas.
Je sais ! Je vais utiliser la yourthière du vieux débris pour me faire des méga-yahourts à la lie de porto.
Putain je sens que je vais bien me faire chier pendant ce chomâge...